Heihō

     Au Japon, 兵法 Heihō désigne les stratégies de guerre, en lien étroit avec les arts martiaux antiques. Mais Ōtake sensei propose une autre écriture de ce mot : 平法 qui signifie “stratégie de paix”.

     Les propos ci-dessous proviennent de l’ultime ouvrage (japonais, anglais, français) qu’il a écrit, à posséder pour tout pratiquant.
     Il y a une histoire sur le fondateur de notre école,  Iizasa Chōisai Ienao-kō, appelée Kumazasa no taiza (le face à face sur les feuilles de sasa (bambou léger)) qui retranscrit l’idée de 「Heihō」.
     Un jour, le représentant d’une autre école a demandé un combat en duel. Iizasa plaça d’abord le tapis fin de goza sur kumazasa et s’assit dessus.

     Ensuite il demanda à son adversaire de s’asseoir aussi. Il lui dit :
        「si vous pouvez vous asseoir sur kumazasa de la même façon que moi, nous pouvons nous battre」.

     Le combattant ne put s’asseoir de la même façon et perdit de cette façon l’ambition de se battre avec Iisaza.
     Il est enseigné ici par Ienao :

―Celui qui gagne sans combattre est plus élevé que celui qui gagne en combattant, Celui qui peut atteindre son but sans combattre est le vrai vainqueur. ―
     Mais ce n’est pas un apprentissage facile parce que seul les gens qui atteignent l’apogée techniquement et mentalement peuvent gagner sans combattre.
    「Il est plus difficile de me vaincre moi-même que de vaincre 1000 ennemis」est une phrase qu’on entend beaucoup.

Ici, l’histoire de 「Kumazasa no taiza」 a un sens très profond. Ienao a transmis que 「les gens doivent vivre une vie très calme en tant qu’être humain」. L’ensemble des techniques viennent de la nature donc il ne faut pas les utiliser que pour faire la guerre.

     C’est parce qu’Ienaokō, qui a vécu jusqu’à 102 ans, a protégé l’enseignement de paix (heihō) que notre école perdure depuis 500 ans, à travers 20 successeurs (héritiers), même à travers la période de guerre (sengoku jidai).

「est supérieur celui qui vainc son ennemi, celui qui tue n’est que second à celui-ci」.

     Cela revient à dire que l’essence des arts martiaux est de gagner sans combattre, plutôt que de gagner en blessant les autres et tuant. Si l’art martial vise à combattre, il fait sûrement des victimes et de la rancune. Et ça amène à une prochaine tragédie et ne finit jamais.
     Selon 『Zuibonnōkyō 随煩悩経 (un des livres de texte bouddhique) 』,

Toute hostilité dépend d’une hostilité.
Donc ça ne se calmera jamais.
Ça finirait uniquement sans hostilités.
Tel est le principe de tous temps.
     Katori Shintō ryū est l’art martial de la paix qui apaise les combats. Pour le maîtriser, les gens doivent se former pour devenir un bon être humain.

     C’est le véritable but de la formation (shugyō), et la raison pour laquelle l’entraînement ne doit jamais être négligé.

La formation (shugyō) éveille le pratiquant au concept de Katsujin enken (le sabre qui donne la vie) et le complète en tant qu’humain.

C’est la raison pour laquelle heihō 兵法 (art de guerre) doit devenir heihō 平法 (art de paix).