Les maîtres
► Uechi Kanbun 上地完文 (1877-1948)
En 1910, il rentra au pays après 13 années après avoir arrêté son enseignement en raison d’un incident malheureux pendant lequel un de ses élèves tua son adversaire en utilisant le Kenpō. La dispute portait sur de l’eau alors que la campagne vivait une période de sécheresse. Ce triste incident marqua très fortement Kanbun, et il n’enseigna à personne ce qu’il avait appris en Chine. Pourtant sa réputation à Okinawa était devenue grande par l’intermédiaire de commerçants chinois qui le connaissaient et qui voyageaient à Okinawa, comme par exemple, GO Kenki (1886-1940).
Il passa ensuite 11 années à labourer la terre sous un joli temps. En 1924, il partit dans la ville de Tehira, Wakayama, pour le travail. Enfin en 1926 il ouvrit le「centre de recherche karate pangainun」 qui fut changé plus tard en 「Uechi ryū karate dōjō」. En 1947, Kanbun rentra à Okinawa et commença à enseigner dans la ville de Nago. Pauvre honorable et pur, c’était un samurai ancien qui ne voulait ni gloire ni richesse. Il mourut le 25 novembre 1948. Il avait 71 ans.
En tant que personnage public, Uechi Kanbun sensei était le fondateur du style strict Uechi ryū et était un homme de fer qui ne pliait pas ses croyances ; mais en tant que personne, il était gentil et enfantin, avait une personnalité lumineuse. Il avait bon cœur, prévenant envers ses amis, ses disciples et les autres, sa personnalité généreuse, n’avait pas besoin ni d’argent ni de notoriété. C’était un guerrier extrêmement rare qui transcende tous les aspects de l’ère moderne. Un célèbre dicton dit「Lorsque le tigre meurt, sa peau reste」.
► Uechi Kanei 上地完英 (1911-1991)
Le fils aîné de Kanbun, Kanei UECHI naquit le 26 juin 1911 et à 16 ans en 1927 rejoignit son père pour travailler à Wakayama, et commença à pratiquer le Pangainun Karate Jutsu avec lui. En 1937, il ouvre un 「centre de recherche karate jutsu pangainun 」à Osaka.
En 1940, il relocalise son dōjō à Amagasaki il changea le nom du style en 「Uechi Ryū Karate Jutsu」 car le mot chinois Pangainun n’était pas familier pour les Japonais et il voulait honorer le nom de son père pour le remercier de ses énormes efforts pour avoir amené de Chine à Okinawa une discipline de self défense.
Kanei retourna à Okinawa en 1942, et enseigna le Karate à Nago, une ville située au nord d’Okinawa. Il relocalise en 1947 de Nago à Ginowan et établit deux annexes.
En 1955 est créé「Uechi ryū karate dō kyōkai」et il en devient le président.
1961 la Fédération d’Okinawa Karatedō est créée et il devient vice-président.
1967 Il reçoit le titre de Hanshi 10e dan.
1974 Tient l’ouverture publique du 7e Championnat Uechi ryū Karatedō.
1977 Il publie un livre sur l’historique et les techniques 「le mythe du Karate Dō d’Okinawa」 et fut promu 10e dan par la Fédération de Karatedō d’Okinawa.
En 1982, Kanei Uechi envoya une lettre à tous les pratiquants de karaté à travers le monde, invitant tous les étudiants de karaté à se respecter les uns les autres sans considération de nationalité, de religion ou de sexe. Il envisageait Uechi-Ryu comme un art humanitaire au service de la paix plutôt que de la guerre.
1983 Reçoit le prix du mérite de la culture sportive de Ginowan.
Uechi Kanei contribua non seulement à la diffusion mondiale de Uechi Ryu, mais il présida longtemps la Fédération de Karatedo à Okinawa, et il eut un grand rôle pour faire comprendre et accepter le Karaté dans la société, et approfondir l’amitié entre les styles.
Il décédera à l’âge de 80 ans le 24 février 1991.
Tout en conservant l’essence du Pangainun, à savoir une main dure dans les attaques et souple dans la défense, il fit évoluer la pédagogie pour que les débutants puissent apprendre plus facilement grâce à des techniques de base (Hojo undō), des techniques de combat préparées (Yakusoku kumite), les bunkai et de nouveaux katas afin qu’on puisse apprendre progressivement.
Ce développement pédagogique de Kanei était sans doute révolutionnaire dans les années 1940 et 1950. De plus, il prit l’initiative de créer un tournoi ouvert, d’abord à tous les dōjō de Uechi ryū en 1961, puis à tous les styles de combat pieds-poings dès 1968.
Ce souci de la pédagogie et de la mise en pratique des techniques était si novateur que tous les maîtres de karate lui étaient opposés. Mais peu à peu, devant le succès des compétitions, ils se rangèrent à son avis et se mirent à codifier et enseigner avec une logique pédagogique qui faisait défaut jusque-là.
► Itokazu Seiki 糸数盛喜 (1915-2006)
Il est né le 20 novembre 1915 à Nishihara, Okinawa ; débuta le karate avec le célèbre maître de shurite Chōtoku Kyan en 1933.
En 1935, il réussit l’examen de circonscription et rejoint le 45e régiment à Kagoshima et participera à la guerre sino-japonaise. Après sa démobilisation, en 1938, la situation économique d’Okinawa étant difficile, il dut quitter l’île et rejoignit son frère dans la ville d’Osaka. C’est là qu’il commença à suivre les cours de Uechi Kanei.
En 1942, parce qu’Uechi Kanei retourne à Okinawa, il ouvre un dōjō chez lui à Amagasaki et en devient un successeur. Il reçut plusieurs fois l’enseignement d’Uechi Kanbun, à Wakayama.
Retour à Okinawa après la guerre du Pacifique en 1947. En 1948, il fonde l’「institut de recherche Uechi ryū karate jutsu」dans le village de Nishihara.
En 1970, il est nommé vice-président du 「Uechi ryū karatedō kyōkai」.
1971 vice-président「fédération tous styles de karate d’Okinawa」.
1978 nommé 1er président de la「fédération de karatedō pangainun ryū」, 10e dan Hanshi, et en devient conseiller suprême en 1983.
1990 inauguration「association de karatedō kōnan ryū」, conseiller suprême et 1998 président d’honneur「union du karate uechi ryū 」. 1997 désigné 「conservateur d’un bien culturel immatériel」du kobudō et karate.
Il décède le 16 juillet 2006, à l’âge de 91 ans.
Il était décrit comme「de personnalité habituellement généreuse et douce, mais il était très rigoureux pour les entraînements et n’autorisait pas de compromis」. Spécialiste du kata Se-san, c’était un guerrier orthodoxe qui démontrait d’une dynamique élégante. Il souhaitait le développement du karaté traditionnel et encourageait les échanges avec d’autres groupes.
« C’était une personne avec une présence énorme qui gardait un œil sur la société cachée et faisait trembler les gangs qui cherchaient à faire de mauvaises choses. »
► Itokazu Seikō 糸数盛光 (1934-2023)
Il est né en mars 1934 à Nishiharachō, Okinawa.
En avril 1948, âgé de 14 ans, il commence l’étude du karate avec son oncle, Itokazu Seiki.
C’est en mai 1955 qu’il rejoint le sōke Uechi Kanei à Ginowan.
En mars 1960 il ouvre le dōjō Wakasa Shūbukan et en changera le nom en Kōyōkan en septembre 1978.
Il reçoit le grade de 6e dan en mai 1967 à l’âge de 33 ans et en 1972, il reçoit le diplôme de shihan, instructeur, en karate par Uechi Kanei.
En mars 1983, il devient président du Pangainun ryū karate dō renmei.
Enfin, il recevra par Itokazu Seiki le grade de 10e dan en septembre 2005 et en 2010, il reçoit le grade de 10e dan hanshi de l’「union karate dō uechi ryū」par le président d’honneur Tomoyose Ryūkō.
Il était un des 3 célèbres「sanba garasu」du Uechi ryū, connu pour sa puissance explosive sans précédent. Il était si rapide que l’on ne pensait pas que c’était une technique humaine qui permettait de sceller le mouvement de l’adversaire avec un mouvement d’anticipation agile. De technique inégalée, célèbre aussi pour sa technique de parade watari uke.
Il décède le 9 mai 2023 a son domicile entouré de sa fille Emiko et fils Morihide.
► Murayama Seitetsu 村山盛哲 (1948~)
Il est né le 20 avril 1948 à Okinawa.
Il débute le karate à l’âge de 16 ans au club de karate Uechi ryū du lycée de Shuri, de 1964 à 1967.
En avril 1968, il rejoint la section karate dō de l’université de Ryūkyū. Il y rencontrera entre autres Shimabukuro Yukinobu sensei, son senpai. Et parallèlement, c’est en mai 1968 qu’il devient élève de sensei Itokazu Seikō au dōjō Uechi ryū karate dō Wakasa Shūbukan (karate et kobudō).
Le 26 juillet 1970, il finit 3e au 「championnat d’Okinawa de karatedō tous styles」et participe le 3 décembre 1970 au 「championnat d’Okinawa de karatedō tous styles du festival culturel de la souveraineté de Shuri」. C’est en 1970 qu’il rejoint la 「Fédération de kobudō d’Okinawa」.
Il déménage à Sakai-shi, Osaka pour des raisons professionnelles.
En août 1985, il reçoit l’autorisation de la 「Fédération de karatedō pangainun」présidée par Itokazu Seikō d’ouvrir son dōjō à Osaka, le 「Sakai Shureikan」et démarrera le 1er septembre.
Le 15 novembre 2008, il reçoit le grade de 9e dan Hanshi de karatedō par Itokazu Seikō, 10e dan.
Le 15 décembre 2014, il est aussi nommé 8e dan kyōshi de Sōke Matayoshi kobudō, kōdōkan.
Le 15 avril 2015, il reçoit le 8e dan kobudō du Dai nippon butokukai et le 17 décembre 2019 est nommé hanshi.
Il donne des séminaires aux Etats-Unis, à Okinawa, à Kōchi et en juillet 2016, il vient démontrer son art pour la première fois à Manosque et y donner un séminaire.
Le 20 mai 2018, le nom du groupe 「Pangainun ryū karate dō kyōkai」 est changé en 「Uechi ryū karatedō pangainun kyōkai」 et le 19 août, il en est désigné son président.
Connu pour son karaté très fluide, c’est un combattant hors pair et un expert en technique de casse. Parmi les plus impressionnantes sont une brique (seiken droit et gauche) ou encore un parpaing (en seiken), une bouteille en verre (shutō et mawashi geri) ainsi que des tuiles romanes empilées (15 en shutō et 20 avec le coude).
► Morimoto Takashi 森本貴詞 (1974~)
Morimoto Takashi naît le 13 janvier 1974 à Osaka. Il débute le karate à l’âge de 17 ans au club de Murayama sensei, le Sakai Shureikan dōjō.
En 2000, il passe son 1er dan. En 2019, il reçoit le grade de 6e dan renshi et le titre de shihan (maître).
En 2007, il ouvre une clinique d’acupuncture et de shiatsu (maître en acupuncture et en massage shiatsu anma). Il est également entraîneur sportif et préparateur physique.
En raison de son corps sculpté, on l’a souvent surnommé 「l’hercule de Sakai」ou 「Rambo」. Mais même s’il a une force musculaire très forte, son karate ne compte pas sur la puissance mais se spécialise sur l’utilisation du corps et de techniques souples.
Il est apparu à la télévision en tant que membre de Japan Mensa (société pour les personnes à QI élevé, 2% de la population) pour présenter comment il avait formé un corps si musclé en ne s’entraînant qu’une à deux fois par semaine.
Lors de sa trentaine, il a soulevé 5 fois d’affilé 175 kg en développé couché.
La première fois qu’il a effectué un soulevé de terre, il a soulevé 160 kg ; ensuite, lors de courts moments il a soulevé 215 kg. Il peut effectuer plus de 40 tractions successives sans soucis et en accrochant des poids de 40~50 kg à la hanche il réussit 3 séries de 10 tractions. Il lève 70kg en flexion des avant-bras à la barre.
Au 1er essai, il a fermé le COC gripper nº2 (88kg).
Il a surpris les personnes présentes lorsqu’il a soulevé d’une main un haltère de 125kg en rowing à un bras.
En bras de fer, il finit ōzeki (2e) au championnat Open d’Osaka (le gagnant à cette époque (yokozuna) est devenu plus tard le champion du Japon et champion du monde dans la catégorie des poids légers).
Lorsqu’il était entraîneur de l’équipe de Football américain à l’université, il a vaincu tous les monteurs de ligne offensive le défiant, à la suite. Lors d’un voyage à Guam, il a été défié par de très imposants Chamorros et les a tous vaincu avec les règles du style de Guam. Il a déjà vaincu un sumotori pourtant classé Rikishi.
En karate, il est aussi expert de la casse : planches (sokusen, kakushiken, seiken, shutō, shukōken, kakato). 3 bois d’ossature (lambourde) assemblés en mawashi geri, uchi ude. Mais aussi casse reçue (épaule, jambe, ventre, bras). Tuile romane avec le coude. Demi-planche de casse, tenue que d’un côté en seiken très rapide. Frappe d’un carton avec un seul doigt en nukite… Il fait preuve de beaucoup d’estime du reigi et prend un grand soin à enseigner.
► Vandecasteele Hugo ヴァンドカステール・宇剛 (1982~)
Né le 14 septembre 1982 à Grande-Synthe (Nord).
Commence le jūjutsu à l’âge de 12 ans, puis le judō, l’aikidō et enfin le karate à 19 ans.
Etudiant en faculté de sport (Master en 2004), il commence le karate sportif à 18 ans où il participera aux championnats de France universitaire. En même temps, il débute le style Shitō ryū avec Luqué Jean-Eric en 2001 (1er dan en 2004).
Il déménage au Japon en 2007, où il poursuivra le karate Shitō ryū à Ibaraki-shi, Osaka, auprès de Mizuguchi Hirofumi, du Kenshikai dōjō.
Il rejoint en 2008 le dōjō de Murayama sensei pour le kobudō mais ce n’est qu’en 2011 qu’il commence à s’intéresser à son mystérieux karate.
Il retourne en France en 2013, sur Manosque où il crée l’association Kenshinkan.
grades japon : 2015 1er dan, 2017 2e dan, 2018 3e dan, 2020 4e dan, 2023 5e dan
En France, il est 2e dan au sein de la FFKDA.